Mémoire d'Intelligence Méthodologique

Contexte

Organisation du groupe AREVA

AREVA est une entreprise multinationale exerçant dans le domaine de l'énergie (Figure 1). Son activité s'étend des énergies renouvelables (solaire, bioénergie, stockage de l'énergie et éolien offshore) à l'énergie nucléaire en passant par l'exploitation de mines d'uranium. AREVA couvre donc l'ensemble des étapes du cycle du nucléaire.

Son organisation (Figure 3) est basée sur la création de « business groups » (BG) eux mêmes subdivisés en « business units » (BU).

Figure 1 : Activités AREVA Inc

Les Business groups sont au nombre de 5 :

o Le BG mines (Figure 5) : ce business group a en charge l'exploration, le développement de projets miniers, l'extraction du minerai, le traitement de ce minerai brut pour le transformer en yellow cake d'uranium ainsi que le réaménagement du site minier après exploitation [1].

o Le BG Amont : deux BU le constituent ; la BU Chimie et enrichissement et la BU Combustible. Les activités sont donc pour la chimie, de concentrer l'uranium minier et de le transformer en hexafluorure d'uranium. La BU Chimie travaille également étroitement avec AREVA NC – établissement de la Hague en ce qui concerne la transformation de l'uranium issu des combustibles usés en hexafluorure d'uranium permettant ainsi l'utilisation de cet uranium pour la fabrication de nouveau combustible. La BU Enrichissement permet d'augmenter la quantité du radio-isotope 235U, contenu naturellement dans le yellow cake, de 0.7% à 5%. Enfin, la BU Combustible utilise des pastilles d'uranium enrichies (naturelle ou de recyclage) pour fabriquer des barres de combustible. C'est également cette BU qui se charge de la fabrication du MOX (Combustible mixte Uranium et Plutonium) [1].

o Le BG Réacteurs et Services : 6 BU existent au sein de ce BG. Ils ont pour mission de concevoir, de fabriquer et de moderniser des réacteurs nucléaires. Ils gèrent également la partie maintenance des centrales nucléaires. Les réacteurs fabriqués sont multiples ; les REB, les REP, recteurs de recherche, réacteur de propulsion navale (marine nationale). Deux autres activités sont la fabrication d'instruments de mesure de la radioactivité ainsi que la modernisation de centrales existantes [1].

o Le BG Aval : 4 BU ; le recyclage, les opérations de logistique nucléaire, les opérations internationales ainsi que les opérations de démantèlement & services France. Le recyclage permet de récupérer les matières valorisables (uranium et plutonium) contenus dans les combustibles usés en vu de la fabrication de nouveaux combustibles. Ce BG est également très actif dans la mise en place de solutions de gestion des déchets à l'étranger. Une mission principale est confiée à ce BG, la valorisation des anciens sites nucléaires et le démantèlement des anciennes installations. Ce BG est également chargé de la logistique (transport et entreposage) des matières nucléaires [1].

Compléments d'information Business Groups

Le BG Energies renouvelables (Figure 2) : Dans une volonté de produire une énergie avec le moins d'impact possible sur l'environnement, ce BG développe des solutions innovantes et efficientes permettant de réduire la quantité de gaz a effet de serre. Ses activités sont principalement l'éolien en mer en partenariat avec Schneider électrique, le solaire thermique à concentration, les bioénergies ainsi que le stockage de l'énergie de longue durée [1].

Figure 2 : Centrale solaire innovante
Figure 3 : Business Groups (BG) et Business Units (BU) d'AREVA Inc.

Luc Oursel, l'actuel PDG du groupe AREVA, a une vision pour l'avenir très claire. Dans les prochaines années, le directoire a pour ambition de faire d'AREVA le principal acteur de la transition énergétique. Mais le directoire a également d'autres horizons. Qu'AREVA reste une marque de confiance en renforçant la sureté nucléaire. De demeurer la référence sur chacune de ses activités ou encore de devenir un des leaders européens dans le domaine des énergies renouvelables.

Stratégies, Missions et Valeurs d'AREVA Inc

ComplémentTransition énergétique

C'est une partie importante de la transition écologique. Elle désigne la volonté de la population à développer les énergies renouvelables. De développer les activités de l'éolien, l'hydrolien, le solaire, le stockage de l'énergie, la fusion nucléaire : arrêter d'utiliser des sources d'énergies dont la source n'est pas renouvelable a l'échelle humaine (pétrole, uranium, gaz, charbon, etc...) pour développer les énergies pérennes.

AREVA NC - Établissement de la Hague

Un peu d'histoire

Figure 6 : le site de COGEMA en 1966

C'est à l'extrémité de la pointe de la Hague, sur 300 hectares, que le site de la Hague s'est implanté en 1959 (Figure 6). La construction a commencé par la décision du CEA de construire l'usine UP2 400 (capacité annuelle de 400 tonnes). Cette usine permettait de recycler les combustibles graphite gaz (UNGG). L'exploitation de cette usine a durée de 1967 à 2003.

Son démantèlement est en cours [2]. Pour répondre à un besoin de recherche, le CEA construit la filière HAO destiné au traitement de combustible eau légère.

C'est en 1978 que la COGEMA acquiert la responsabilité de l'exploitation du site. Ce dernier entame rapidement de nouveaux travaux avec la construction d'UP3 et d'UP2 – 800. Ces deux usines sont destinées au traitement de 800 tonnes de combustibles de la filière eau légère chacune se qui porte a 1600 tonnes annuel la capacité totale du site ; ces deux usines sont interconnectées.

Figure 4 : Le cycle du combustible nucléaire

Du fait de divers remaniements internes, COGEMA disparaît en 2006 pour devenir AREVA NC – établissement de la Hague. Avec d'autres sites notamment dans le sud de la France, cette usine appartient au BG Aval. L'activité d'AREVA NC – établissement de la Hague est le recyclage (Figure 4) de combustibles nucléaires usés après leur utilisation dans des centrales électriques nucléaires.

AREVA est l'entreprise la plus performante dans ce domaine et il possède une avance technologique et industrielle qui la place comme une référence au niveau international. L'usine est mise en service en 1966 pour séparer les 4 % de produits de fission (dits déchets ultimes) des 96% de matière réutilisable. En effet, un combustible usé contient encore 95% d'uranium et 1% de plutonium. Ces matières vont pouvoir être réutilisées. Grace à un procédé de ré-enrichissement, il sera possible de fabriquer de nouveaux combustibles dont le MOX (combustible à base d'uranium et de plutonium).

Figure 5 : mine d'uranium de KATCO, Kazakhstan
Figure 7 : Fonctionnement de l'usine d'AREVA NC - établissement de la Hague

Ce procédé, que seul les français maitrisent entièrement, est une solution efficace dans un but d'économie de minerai naturel. Il vise également à réduire la quantité finale de déchets ainsi que la radiotoxicité de ces matières via des procédés spécifiques tels que la vitrification. La fabrication de MOX grâce au retraitement de combustibles usés permet également d'utiliser le plutonium.

En effet, la fission d'un gramme de plutonium produit autant d'énergie que la combustion d'une tonne de pétrole : ce type de combustible s'avère donc énergétiquement intéressant, tout comme les réacteurs rapides de type Super-phénix (fonctionnant à base de combustible dont la part de plutonium est très élevée).

Le procédé se déroule en 4 étapes principales

Réception et Entreposage
Figure 8 : Piscine d'entreposage des combustibles

Une fois le combustible usé en réacteurs, il est stocké au sein de la centrale par l'électricien jusqu'à ce qu'il décide de le recycler. C'est alors qu'un « château », un conteneur spécifique (le TN85 (Figure 10)) chargé du transport des combustibles, transporte le combustible hautement radioactif par bateau, train et route jusqu'à l'usine de la Hague (Figure 9). Il est alors déchargé et placé en piscine sous 5 m d'eau ce qui permet son refroidissement ainsi qu'une excellente radioprotection (Figure 8). Deux modes de déchargement en fonction de la nature du combustible et de son taux de combustion existent (Figure 13). La première est une technique de déchargement sous eau (Atelier NPH). La seconde méthode dite à sec (Atelier T0) est la plus courante pour les combustibles standards (Figure 10). Elle est rapide (1j est nécessaire a la mise en piscine d'un combustible) et parfaitement maitrisé. Dans ce cas, le château est hermétiquement fixé à une dalle située audessus de ce dernier, ouvert, puis le combustible transféré du château à un panier de 3x3 combustibles avant mise en piscine. Les piscines permettent d'entreposer les combustibles sur une durée de 5 à 7 ans avant traitement. Il y a 4 piscines sur le site pour 45000 tonnes d'eau filtrée maintenue à une température inferieure à 40°C ce qui représente environ 2600 paniers de 9 combustibles sur le site [2].

Figure 13 : Deux modes de déchargement
Cisaillement & Dissolution
Figure 9 : transport de container TN85 appelé Chateau

Le combustible arrive alors dans le cœur du procédé. Il est cisaillé en morceaux avant de tomber dans de l'acide nitrique à 100°C. Cette étape permet de séparer les matières solubles (uranium, plutonium, tritium et autres radio-isotopes) des gaines et embouts en alliage de zirconium constituant le combustible. Ces deux types de matière sont ensuite envoyés vers deux ateliers différents : l'atelier de compactage des coques (ACC) permet de compacter sous une pression de 2500 tonnes les carcasses métalliques puis de les stocker avant le retour chez le client (Figure 11) et l'atelier T2 pour l'extraction et la concentration [2].

Extraction & Concentration
Figure 10 : Container TN85

Cette étape du procédé vise à séparer les produits de fission des matières valorisables (uranium et plutonium). Pour se faire, cette étape utilise un procédé appelé PUREX. C'est une technique d'extraction acide-solvant. La première étape de ce procédé vise à séparer les produits de fission de l'uranium et du plutonium. Pour se faire, la solution d'acide nitrique est mise en contact avec un solvant. Seul l'uranium et le plutonium migrent vers le solvant lors de cette étape. Pour séparer l'uranium et le plutonium, le plutonium va être réduit à la valence 3. En effet, dans se cas, il n'est plus extractible de la phase aqueuse. Ainsi, le nitrate d'uranyle et le plutonium sont séparés. L'uranium est ensuite concentré et envoyé vers l‘atelier T3 ou T5 pour purification. Le plutonium est quand lui envoyé vers l'atelier T4 pour être purifié. Il est à noter que 99% de l'uranium et du plutonium contenu dans les combustibles usés est récupéré pour la fabrication de nouveaux combustibles ce qui prouve de la performance du procédé[2].

Vitrification
Figure 12. : Coulée de verre servant à la vitrification des déchets ultimes

Dans le but de réduire la radiotoxicité ainsi que de garantir le confinement des produits de fission, AREVA NC – établissement de la Hague a mis au point un procédé de vitrification extrêmement performant. Il permet d'incorporer dans une matrice en verre les produits de fission (Figure 12). Les blocs de verres stables sont ensuite placés dans des conteneurs puis retournés au client [2].

Figure 11 : container de type CSD/C

La qualité au sein d'AREVA NC - Établissement de la Hague

Pour AREVA NC, l'une des priorités reste la qualité des produits ainsi que la satisfaction client. C'est grâce à une gestion documentaire efficiente, à une gestion des conditions de fabrication ainsi qu'à la fiabilité de la métrologie qu'AREVA assure la conformité de ses produits avec les spécifications clients. La qualité est présente dans chaque secteur du site avec pour mission principale d'accompagner le personnel permettant ainsi une amélioration des performances industrielles du site. Des outils ont été développés dans le but de favoriser l'expression de tous, de déployer le retour d'expérience d'entrer dans une démarche d'amélioration continue mais également et de favoriser l'émergence d'actions préventives nées de la créativité de tous. Nous pouvons par exemple citer l'outil NIAC (Nouvelle Idée d'Amélioration Continue). Cet outil permet ainsi de proposer divers solutions rentables et innovantes pour le traitement aux problèmes rencontrés.La politique de l'établissement qu'elle soit en termes de qualité, de sécurité, de santé ou encore d'environnement est passée une démarche de développement durable et d'amélioration continue. Elle ne serait toutefois pas efficacement mise en œuvre sans l'implication du personnel. Au sein de l'établissement, l'ensemble des salariés est un acteur privilégié de la satisfaction client. Cette satisfaction client est d'ailleurs au centre des objectifs de chaque secteur. Ainsi, dans le but d'entrer dans une démarche de progrès continu, chaque salarié est au centre d'un processus de gestion de la performance globale. Le personnel participe ainsi a la remontée des informations afin de faire progresser l'ensemble du site. Les managers sont régulièrement formés dans le but de suivre également les évolutions réglementaires. Ils peuvent ainsi accompagner et vérifier l'application des nouvelles exigences. Les managers sont de plus incités à impliquer leurs collaborateurs dans des actions de perfectionnement. Tout cela passe notamment par un management de proximité basé sur du management visuel. AREVA NC entre également dans une démarche de responsabilité sociétale en accompagnant les fournisseurs dans des démarches de qualité, santé-sécurité, sureté et d'environnement. Dans le cadre de la triple certification QSE (ISO 9001, 14001 et OHSAS 18001), l'établissement de la Hague engage le personnel dans une démarche de prévention et de sécurité en menant diverses analyses de risque proche du terrain, en minimisant l'exposition radiologique du personnel ou encore en menant des actions de prévention des comportements à risque. Conformément au référentiel ISO 14001, le site vise à réduire l'impact industriel de son activité sur l'environnement. L'impact radiologique étant nul (Figure 19), les actions du site se focalisent notamment sur la gestion de l'énergie et la gestion des déchets. En ce sens, AREVA NC vise a une meilleure gestion des déchets, a maîtriser les consommations gargantuesque en énergie (une alimentation de 90kV est nécessaire pour alimenter le site de la Hague en énergie) mais également a prévenir les pollutions chimiques liés à son activité. AREVA NC veut développer la culture de protection des installations au sein de ses employés. En termes de sûreté, la politique qualité de l'établissement vise une amélioration de la performance et du niveau de la sureté des installations. Le délai de mise en place des actions correctives, long du fait de la lourdeur des procédures, doit être réduit. Le référentiel de sûreté doit également être réévalué. Dans ces volontés, l'implication du personnel est importante.

Organisation d'AREVA NC - Établissement de la Hague

Pour permettre une bonne gestion de l'usine ainsi qu'un fonctionnement fluide, AREVA NC la Hague fut divisé en 12 Directions :

Figure 14 : Organigramme des différentes directions du site AREVA NC - établissement de la Hague

o DA : Direction des Achats ; gestion de la politique de sous-traitance et de la politique achat de l'établissement

o DEMC : Direction Exploitation Moyens communs ; équipe de production en charge de la maintenance

o DT : Direction Technique ; cette direction gère le personnel de soutien technique, valide les standards industriels, et les différents projets en cours.

o DETR : Direction Exploitation Traitement Recyclage ; équipe de production en charge de la conduite du procédé.

o DQSSEP : Direction Qualité Sûreté Sécurité Environnement Protection ; interface avec les autorités, cette direction a pour rôle principale de soutenir les salariés dans l'application des politiques QSSE de l'établissement. Ils sont également en charge du contrôle de la bonne mise en œuvre des missions dans le domaine de la Qualité, la Sécurité, la Sûreté, l'Environnement et dans le domaine de la Protection.

o DRH : Direction des Ressources Humaines ; développement de compétences, pourvoir aux besoins en ressources humaines et accompagner la gestion des compétences

o DPIQ : Direction Performance industrielle et Qualité ; gère le déploiement de la démarche TPM (Total Productive Management) sur le site. Elle gère également le système d'amélioration continue.

o DDFC : Direction Démantèlement Fin de Cycle : démantèlement d'UP2-400 et surveillance des installations démantelées ou en cours de démantèlement.

o DPC : Direction des programmes & client : gestion des contrats. Sert d'interface avec le marché extérieur

o DPI : Direction des Projets Internationaux ; gestion des contrats internationaux, transferts des technologies & de savoir

o DC : Direction communication ; gestion des actions et du programme de communication de l'usine. Cette division gère également l'intranet du site.

o DF : Direction finances ; compatibilité entre opérations et finances

Le secteur Analyses médicales, lieu de mon stage, dépend de la direction Qualité, Sûreté, Sécurité, Environnement, Protection.

Les Objectifs

Figure 15 : Objectifs du secteur analyse médicale d'AREVA NC - établissement de la Hague

Comme dans tous grands groupes, les décisions stratégiques sont transformées en objectifs. Ces objectifs macroscopiques, s'appliquant à l'ensemble du groupe, vont être déclinés au niveau local (Figure 15). Ainsi, dans le cadre de cette démarche, le secteur analyses médicales d'AREVA NC – Etablissement de la Hague a également ses objectifs. Ils sont de 5 natures différentes ; la sécurité, la clientèle, la performance, l'innovation et l'aspect humain.

En termes de démarche qualité, cela se traduit par des objectifs mesurables tel que par exemple le déploiement de 3 chantiers 5S, l'amélioration de la planification des examens, la gestion de la polyvalence du personnel, l'amélioration du système documentaire, le déploiement du nouveau maitre plan et du processus NIAC ou encore, le but de ce stage, la mise en conformité du laboratoire avec la version 2012 de la norme ISO 15189.

Le Laboratoire d'Analyses Médicales

Radioactivité & vivant : vital mais dangereux

La radioactivité est un phénomène naturel d'émission de rayonnements ionisants par certains atomes dans une configuration particulière [3]. C'est un phénomène spontané. Cette émission permet aux atomes dit radioactifs de se séparer d'une partie de leur énergie pour devenir plus stable. Il existe différents types de rayonnement ionisant (Figure 17).

o L'émission α : un noyau d'hélium est libéré. Du fait de la taille de l'hélium, il libère instantanément son énergie dans la matière qui l'entoure. De ce fait, si il est facile de s'en protéger (une feuille de papier suffit), il est aussi très dangereux en cas de contamination interne par voie aérienne ou ingestion.

o L'émission β : un électron ou un positon est libéré. L'électron et le positon (électron de charge positive) sont de petites particules ; ils interagissent donc moins avec la matière que l'hélium rencontré dans le cas d'une désintégration α (une feuille d'aluminium l'arrête). Toutefois, ils restent très ionisants.

o L'émission γ : un rayonnement électromagnétique est libéré. Ce rayonnement possède un très fort pouvoir de pénétration à l'instar de la particule α ou β. En cela, il est très dangereux. Il peut en effet pénétrer en profondeur dans la matière et endommager les cellules vivantes durant son trajet. A faible énergie, il pourra induire des modifications du matériel génétique des cellules par exemple provoquant des cancers mais si son énergie ou l'exposition augmente, il provoquera la nécrose des tissus traversés. Pour s'en protéger, il est nécessaire de mettre en place des écrans d'un mètre d'épaisseur de béton ou de plomb.

Exemple de radioactivité naturelle
Exemple d'exposition naturelle

Il existe deux modes d'exposition ; l'irradiation externe et la contamination. On parle d'irradiation lorsqu'un individu se trouve à distance d'une source radioactive mais est sur la trajectoire de son rayonnement. La contamination se rencontre lorsque l'individu ingère, respire ou simplement touche une matière radioactive.

Les effets de cette interaction entre le vivant et l'exposition sont variables et difficiles à déterminer [3]. En effet, en fonction de la nature du rayonnement, de son énergie, de la durée et du type de radiation, sans compter les facteurs individuels tel que l'âge, le sexe, etc..., les conséquences d'une exposition vont varier allant de l'absence de conséquence jusqu'à la mort de l'individu exposé. Nous notons suite aux divers retours d'expérience, deux types d'effet liés à la radioactivité :

o Les effets déterministes : pour les doses > 0.5 Sv. Dans ce cas, des effets physiques s'observent (brûlures, mort d'organes, nausées, ...)

o Les effets aléatoires : pour les doses < 0.5 Sv. Les effets sont alors moins marqués et peuvent apparaitre longtemps après l'exposition (cancers principalement).

Complément
Figure 16 : Schéma d'une réaction de fission nucléaire [3]. Un noyau fissile est bombardé de neutron afin de le casser en deux atomes fils souvent hautement instables (radioactifs)

Les atomes issus de la fission de l'uranium (très exothermique) sont souvent très instables. Ils se désintègrent rapidement en libérant de l'énergie. Pour libérer de l'énergie, les atomes peuvent émettre un électron ou un positon (émission de type β), un noyau d'hélium (émission de type α) ou un rayonnement électromagnétique (émission X ou γ).

Figure 17 : Les différents types de radioactivité dépendent de l'atome et de son énergie [3]
Figure 18 : Cellule de comptage légère présente en spectrométrie in vivo.

Radioactivité & vivant : comment la détecter ?

Sur un site traitant des combustibles hautement radioactifs, il est important de suivre les personnes d'un point de vue radio-toxicologique. Les salariés du site sont donc soumis régulièrement à des analyses dans le but de déceler d'éventuelles contaminations. Pour détecter une contamination ou une irradiation, différents appareils existent. Ces dispositifs permettent de détecter les effets de la radioactivité sur la matière. Sur le site d'AREVA NC – Établissement de la Hague, tout le personnel travaillant en zone doit porter une dosimétrie active (sonne lorsque la radioactivité est supérieure à la limite autorisé) ainsi qu'une dosimétrie passive (calcul de la dose totale sur une période). De plus, à chaque entrée et sortie de zone contrôlée, les salarié doivent se « tester » avec des radiomètres afin d'éviter de disséminer une éventuelle contamination.

Figure 19 : Impact radiologique du site de la Hague. En plus d'un impact de 2.4 mSv des rayonnements sur l'homme, le site de la Hague n'ajoute a cette radioactivité naturelle dut au plateau granitique une dose ajustée inferieur à 0.02 mSv. Cela confirme le concept d'usine propre (Source : Formation AREVA COM).

Le secteur analyses médicales : Présentation

Le secteur analyses médicales du site de la Hague est en charge du suivi radiotoxicologique et biologique des salariés. Le laboratoire est sous la responsabilité de Mr CORREZE (biologiste responsable) et Mme PELEAU (biologiste co-responsable). Ils disposent des ressources, compétences et moyens nécessaires à l'exploitation des 4 échelons (ISO 15189)

o Radiochimie : cet échelon est chargé du dosage des actinides urinaires et fécaux (mesure indirecte), du tritium urinaire, des émetteurs γ urinaires ainsi que de la détermination des produits de fission (émetteurs α et β) présents dans les échantillons urinaires ou fécaux. Dans le cadre de l'association PROCORAD, ils sont également en charge de la préparation des échantillons.

o Biologie : cet échelon gère les prélèvements (urine, sang, selles), et un certain nombre d'analyses hématologiques (hémostase, dosage de la bilirubine, glucose, cholestérol, triglycérides, créatinine, ...), urinaire (glucose, créatinine, ...) et toxicologique (opiacées, cannabis, cocaïne, amphétamines). Il est également en charge du dénombrement des légionnelles.

o Métrologie : échelon en charge de la détection des rayonnements ionisants par mesure directe in vivo (γ et X). Cet échelon effectue des mesures spectrométriques pulmonaires et corps entier.

o Gestion administrative : chargé notamment de la prise de rendez vous en spectrométrie mais planifie également les analyses de radiochimie. Cet échelon gère également les résultats.

Analyse de sang

Le secteur analyses médicales est également en charge de la microbiologie des installations d'eau chaude sanitaire notamment pour la détection de légionnelles.

Le laboratoire est également membre organisateur de l'association PROCORAD [4] (inter comparaison internationale des résultats en radio toxicologie). Dans ce cadre, il élabore et expédie aux laboratoires souhaitant participer, des échantillons dont les activités sont calibrées. Une comparaison des différents résultats est ensuite réalisée. L'activité au sein de cette association rentre dans le cadre des contrôles qualité externes.

L'activité de la radiotoxicologie in vitro a également augmenté de 7% (Figure 20) [5]. Cela est principalement à l'augmentation des travailleurs sur le site. En effet, plus de 6000 personnes (3000 salariés AREVA et 3000 salariés d'entreprise extérieures) travaillent sur le site. Cela représente un volume d'échantillon colossal. En radiotoxicologie, le nombre d'analyses réalisées par jour peut montée à 80 sur les selles et 80 sur les urines soit un total de 160 analyses radiotoxicologique par jour. C'est de plus le plus important laboratoire d'analyse médicale d'AREVA.

Voie de contamination

Le secteur analyses médicale, malgré ses multiples taches, a toutefois optimisé son fonctionnement. Ainsi, durant l'année 2013, il a reçu l'accréditation selon l'ISO 15189 pour les analyses de radiotoxicologie

ainsi qu'une extension du périmètre d'accréditation pour la détection du 90Sr dans les urines. De plus, le laboratoire a réalisé 5 chantiers 5Sce qui montre une volonté d'optimisation de ses activités.

Figure 20 : Activité du secteur analyses médicales durant les dernières années. Ce graphique montre une augmentation très importante du nombre d'acte réalisés. 1B=0.27 acte
Figure 21 : Pourcentage d'activité du laboratoire. Les patients peuvent être des personnels AREVA ou des entreprises extérieures. De plus, la biologie médicale, la radiotoxicologie in vitro ou l'anthroporadiométrie n'ont pas les mêmes pars dans l'activité du laboratoire
ComplémentPROCORAD (association de PROmotion des COntrole en RADiotoxocologie)

Cette association a pour but d'organiser une inter comparaison internationale sur les mesures des actinides contenus dans des cendres de matières fécales.

Dosages effectués dans le cadre de l'inter-comparaison PROCORAD

38 laboratoires participent à cette comparaison pour au moins un des dosages. Beaucoup sont en Europe mais il y a des laboratoires en Asie, au proche orient ainsi qu'en Amérique du nord et du sud. Dans ce cadre, des échantillons sont

fabriqués au sein du laboratoire dont les activités sont connues (par la quantité d'isotopes radioactifs ajoutés). Les laboratoires participant, dont celui d'AREVA NC, doivent ensuite mesurer cette activité. Il est alors possible de visualiser l'influence d'une technique ou d'un progiciel par exemple [4].

Le secteur analyses médicales : Organisation

Le secteur analyses médicales fut crée en 1965. Il est composé de 20 personnes dont 2 pharmaciens biologistes responsables repartis sur l'ensemble des échelons [2].

Figure 23 : Organigramme nominatif du secteur analyses médicales

La quasi-totalité des analyses est réalisée sur le site de a Hague [5]. Seul quelques unes sont sous traité à des laboratoires comme CERBA et DYNABIO. Toutefois, sur les 92768 actes réalisés en 2013 par le Laboratoire, seul 400 ont fait l'objet d'une sous-traitance ce qui représente 0.43% des activités du laboratoire.

ComplémentChantier 5S

Le but de cette méthode est d'ordonner les lieux de travail [2].

Cet outil vient du Japon et permet d'optimiser l'organisation et l'efficacité d'un poste de travail, d'un service ou même d'une entreprise.

Dans la mise en place de chantier 5S, la participation du personnel est une chose primordiale. Aucune mise en place durable de méthode 5S ne peut fonctionner si le personnel n'est pas conscient de ce qui est en jeu.

La mise en place de chantier 5S entre dans le cadre de la TQM (le management qualité totale).

Les « S » ont différentes significations :

Figure 22 : Signification des 5 "S" de la méthode d'amélioration de l'organisation des lieux de travail.

Le secteur analyses médicales : la Qualité

Une démarche de management de la qualité est en place au sein du secteur analyses médicales. Cette démarche s'appuie sur une adhésion réelle des employés aux principes qualité ainsi que sur une animatrice qualité motivée. Elle s'appuie également sur une politique claire et rigoureusement mise en oeuvre. C'est dans le but d'améliorer le système de management de la qualité, répondant ainsi aux nombreuses exigences règlementaires inhérentes à la biologie médicale, que cette politique a été mise en place. La démarche qualité du laboratoire s'appuie donc sur plusieurs référentiels :

o L'ordonnance de réforme de la biologie médicale du 13 janvier 2010

o L'ISO 17025 rendue obligatoire en 2003

o L'ISO 15189 : 2012 rendu obligatoire par la reforme de la biologie médicale [6]

o La triple certification QSE du site

o Les règlements en vigueur concernant la sécurité des travailleurs exposés aux rayonnements ionisants

o L'agrément de surveillance de la dosimétrie interne des personnels AREVA NC & entreprises extérieures

Cette politique qualité vise à renforcer et contrôler les processus de réalisation, a mieux prendre en compte les prescripteurs, à intégrer la relation clients-fournisseurs dans les pratiques internes ainsi que d'améliorer de manière générale les performances du secteur.

Cette amélioration des performances passe de manière générale par des contrôles qualité rigoureux. Ces contrôles qualité sont de deux natures : internes (CQI) et externes (EEQ). Les CQI sont réalisés périodiquement sur l'ensemble des échelons. En biologie, du plasma de contrôle en hématologie est régulièrement analysé ainsi que des urines et des sérums. En connaissant parfaitement leurs compositions, il est possible de juger de la fiabilité des résultats. En radiotoxicologie, ces CQI consistent en l'utilisation de fantômes (corps entier ou pulmonaire) ainsi que de sources ponctuelles. Des traceurs interne sont également utilisés pour suivre la qualité de mesures, (232U, 242Pu, 243Am, 233U).

Les EEQ, concernant la biologie médicale, s'effectue par le biais de l'association PROBIOQUAL (biochimie, hémostase, hématologie, toxiques urinaires), CTCB (cytologie hématologique), AGLAE (légionnelles).

De plus, la loi oblige une surveillance nationale organisée par l'ANSM en hématologie & biochimie et par l'IRSN en radiotoxicologie qui organisent des contre analyses.

Les résultats de l'inter comparaison en radiotoxicologie PROCORAD permettent également d'identifier des points sensibles ou de déceler divers problèmes de fiabilité. Les résultats du laboratoire suite a l'inter comparaison sont très satisfaisant puisque le laboratoire à trouver des résultats très proche de la réalité (les mesures étant réalisés sur un fantôme, les quantités de radioéléments sont donc connues).

Complément

ISO 17025 : Norme d'exigence quant à la compétence des laboratoires étalonnage et d'essais. C'est une norme d'accréditation (reconnaissance de compétences)

ISO 15189 : Norme spécifique aux laboratoire de biologie médicale spécifiant les exigences en termes de qualité et de compétence des laboratoires.

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